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Logements économiques au Grand-Saconnex à Genève, Campagne du Pommier
werk, bauen + wohnen
5. April 2007 - Béatrice Manzoni
Les logements économiques de Aeby et Perneger et Acau architectes associés font partie du plan d'aménagement de la Campagne du Pommier, ou ancienne campagne Gardiol, au Grand-Saconnex à Genève, comprenant à terme 640 logements et 5000 m² de surfaces commerciales et de bureaux. L'ancien domaine a fait l'objet d'un déclassement en 1991 et d'un plan localisé de quartier (PLQ) adopté en 1997, avant d'être acquis par la Caisse de Prévoyance du Personnel Enseignant de l'Instruction Publique et des Fonctionnaires de l'Administration du Canton de Genève (CIA). Il faut relever que l'urbanisation de ce nouveau quartier s'est appuyée sur la décision de prolonger une ligne de transports publics et que les constructions sont issues d'une série de concours d'architecture organisés notamment par la CIA.
L'ancienne maison de maître, construite en 1908 sur les plans de l'architecte Marc Camoletti, demeure l'un des éléments de référence du nouveau quartier du Pommier. Acquise par l'Union Interparlementaire qui y a établi son siège, elle a fait l'objet d'une restauration et d'un agrandissement par les architectes Ueli Brauen & Doris Waelchli. Au nord du quartier, un vaste équipement public comprenant un groupe scolaire, une salle de sports et de spectacles a été réalisée par l'architecte Lorenzo Lotti.
En 2000, la CIA a entrepris un premier concours sur invitation pour la construction d'un groupe de logements qui occupent la partie centrale de la composition et qui fut réalisée par Metron et le Collectif d'Architecture. Un deuxième concours sur invitation est lancé en 2001 pour la réalisation d'immeubles de logements économiques. Dans le souci d'assurer une réalisation rapide du projet retenu, le maître d'ouvrage n'a pas autorisé les équipes consultées à déroger aux règles fixées par le plan localisé de quartier (PLQ) qui fixait l'implantation et les dimensions des bâtiments et, par conséquent, les typologies. S'insérant dans ce cadre réglementaire, le concours portait sur deux paires d'immeubles situés au pied de la colline, perpendiculairement à la pente, encadrant l'ancienne maison de maître et ménageant une „fenêtre“ sur une portion de l'ancien domaine.

Espace urbain et vie collective
Préférant les agencements aux architectures individuelles, livrées à elles-mêmes hors de tout contexte ou ordonnancement, les architectes du projet lauréat, proposent une architecture qui place l'espace urbain au dessus des édifices individuels.
Le rapport à la rue est déterminé par un socle en béton gris anthracite comprenant les parkings couverts et le rez-de-chaussée en retrait de l'alignement des immeubles. La dilatation de l'espace public de la rue et sa couverture partielle le long des deux ensembles contribuent à enrichir l'espace urbain.
Au niveau supérieur, chaque ensemble s'organise autour d'une cour accessible depuis la rue par des escaliers et de plein pied par des accès latéraux. Aménagé avec soin, cet espace est dédié à la vie collective et ouvert à différents usages. La plantation d'un arbre de grande taille prenant racine dans l'épaisseur des sous-sols, le traitement du sol engazonné et asphalté ainsi que l'absence des attributs usuels des couvertures de dalle de parking (cheminées de ventilation, remontées d'étanchéité, etc.) contribuent à l'insertion paysagère des immeubles dans le site de l'ancienne maison de maître.
Disposés en série, les bâtiments possèdent une volumétrie élémentaire sans ajout ni fioriture. Les loggias, ouvrant au sud-ouest, sont incorporées à l'intérieur des façades couleur ocre évoquant la toiture de la Villa Gardiol. Les façades se composent d'éléments préfabriqués de type sandwich teintés dans la masse et présentent des variations chromatiques générées par l'adjonction d'oxyde de fer. L'enveloppe intègre également, côté chambres, des fenêtres à la française en verre transparent, et, au niveau des loggias, des garde-corps en verre sérigraphié occultant d'éventuels entreposages.
Les bâtiments comportent cinq niveaux marqués horizontalement par la succession des dalles d'étages apparentes, séparées par des éléments de façades dont les dimensions varient pour créer des effets de décalage et de rythme alterné qui atténuent les situations de vis-à-vis qu'entretienne chaque pair d'immeubles. De plus, par le biais de ce motif (pattern), les immeubles de logements s'apparentent à l'extension de la villa Gardiol, réalisée par Ueli Brauen & Doris Waelchli pour l'Union Interparlementaire.

Organisation interne et typologie
La diversité des accès sur cour et sur rue enrichit le fonctionnement interne des immeubles qui s'organisent autour d'un noyau de distribution verticale, situé au centre de la construction et éclairé zénithalement. Ménageant un cheminement au rez-de-chaussée, une seule cage d'escalier se situe en façade. Prolongeant les espaces communs extérieurs, les espaces de distribution interne bénéficient d'un éclairage naturel et d'un calpinage méticuleux des différents bétons apparents.
Regroupant 118 appartements à loyer modéré, les quatre immeubles sont soumis au régime HLM (ce qui fixe la taille des pièces) à l'exception du dernier étage qui n'est pas subventionné. Les immeubles disposent d'une grande variété de logements (3, 4, 5 et quelques 6 pièces.), gage de diversité sociale et générationnelle, un aspect qui fut déterminant pour le maître de l'ouvrage dans le choix du projet. Les appartements sont orientés nord-est/sud-ouest: les espaces diurnes profitent d'un ensoleillement maximal, alors que les espaces nocturnes sont à l'ombre.
Reprenant une solution typologique traditionnelle à Genève, notamment reprise dans le cas des squares de Montchoisy réalisés par Maurice Braillard dans les années 30, les architectes développent des logements traversants qui s'articulent autour d'un vaste espace central de distribution. Cette pièce, ouverte à diverses appropriations, n'est pas conçue comme un prolongement du séjour, mais comme un espace à part entière qui répond à une recherche d'articulation dans l'usage des différents lieux de l'habitation. Prévu initialement avec des cloisonnements ajourés (double porte-vitrée), ce dispositif offre une profondeur au logement, des vues diagonales tout en ménageant un espace de transition entre les espaces diurnes et nocturnes, entre les usages publics et privatifs. Au dernier étage, cette pièce bénéficie d'un éclairage zénithal grâce à une surélévation de la toiture.

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